La playlist de… Benjamin Griveaux – Check

La playlist de… Benjamin Griveaux

20 février 2020

Check

Ce n’est pas tous les jours qu’on a un homme politique qui réussit à s’afficher autant qu’un rappeur, et exactement de la même façon : smartphone, femme et zizi. Rendons hommage à ce petit ange parti trop tôt.

(Une nouvelle carte blanche de Spleenter)

Vendredi 14 février dernier a été une Saint-Valentin particulière pour Benjamin Griveaux, membre de LREM qui a annoncé son retrait de la course aux municipales pour Paris. La cause est simple, plusieurs messages privés entre lui et une jeune femme ont circulé sur le net, et dans ces messages on a globalement de la drague à l’ancienne et des photos/vidéos explicites.

Tous les médias et politiciens français en parlent depuis plusieurs jours, mais pas du tout de la bonne façon : certains regrettent que l’état ne puisse pas contrôler les réseaux sociaux comme en Chine, d’autres pestent contre l’anonymat sur le net alors que la seule donnée inconnue de cette affaire c’est pourquoi le mec continue de vouvoyer des femmes à qui il envoie sa bite en gros plan. Bref, pour dire n’importe quoi il y a du monde mais pour être à la hauteur de l’événement et concocter une playlist rap spécial Griveaux, là évidemment il n’y a plus personne. Il était temps d’y remédier.

Seth Gueko – Bistouflex

Difficile de sélectionner une seule rime tant elles semblent toutes écrites sur-mesure pour notre branleur en chef : « la meilleure cachette, Bistouflex, c’est les toilettes », « une petite branlette ça sert quand ta femme veut rien faire », « avoue un pe tit coup de pougnette ça fait du bien aux coucougnettes »… Bref, « ça te rappelle des souvenirs, hein petit cachottier ? »

Yo Gotti – Down in the DM

Première approche, repérage, premiers contacts, familiarité, tout ça jusqu’à la victoire finale… Très méticuleux, Yo Gotti détaille le protocole de la drague par messages privés interposés. Nul doute que Ben avait pour habitude de suivre ces précieux conseils sans même le savoir, enfin jusqu’à l’accident bien sûr.

MSJ, Aelpéacha, Driver, Topaz, Le Foulala – Juste moi et ma bite

« car je fourre où je peux et je me branle quand je veux, une giclette est une giclette dans la tête d’une quéquette »

Fidèles à la réalité, pragmatiques, MSJ et ses potes nous offrent une plongée dans l’intimité de l’oncle Ben qui nous explique point par point comment on peut en arriver là : la solitude, la flemme de s’occuper d’une éventuelle compagne, l’excitation à distance, et bien entendu, le besoin irrépressible de s’astiquer qui unit la gente masculine par-delà les origines, les classes sociales, les montagnes et les ruisseaux.

IAM – Elle donne son corps avant son nom

Des formes qui font baver, un sourire aguicheur, quelques mots doux et ça y est, même un ancien porte-parole du gouvernement est incapable de penser avec autre chose que sa bite. Ce n’est pas un reproche, on est tous passés par là, c’est juste qu’on n’était pas forcément candidat à la mairie de la capitale au même moment. Il arrive une mésaventure similaire à Akh et Shurik’n sur ce classique où ils se font eux aussi avoir par des jeunes femmes qui n’en ont finalement qu’après leur porte-feuille. Et comme avec notre photographe amateur, il est trop tard lorsqu’ils réalisent leur erreur, le piège s’est refermé.

Alkpote – Bande de putes

Il faut se mettre à la place de Benjamin Griveaux quand il a appris que des photos et vidéos de son membre circulait dans toutes les rédactions, sur les portables de ses collègues, à l’assemblée, sur les réseaux, sur pornhub, etc. Entre l’odieuse machination dont il a été victime (rappelons que dans la loi française, envoyer sa bite à une femme qui vous parle par message est considéré comme de la légitime défense), les réactions des internautes et la confiance brisée, lui aussi a dû éructer un providentiel « bande de putains de sales putes » histoire de se défouler.

50 Cent – Many Men (Wish Death)

Que ce soit la sombre vengeance de vilains ennemis ou un complot de la Russie (chez LREM on a beaucoup d’imagination), les faits sont là. Quelqu’un, quelque part, voulait la tête de Benjamin, et il l’a eue. Le pauvre devait se sentir comme Fifty période wanted, quand il n’avait pas d’autre choix que d’être parano au dernier degré, naviguant entre vrais ennemis et faux alliés. Ce qui correspond plutôt pas mal au milieu politique français.

Niska – Réseaux

Outre l’obsession de ses amis de l’assemblée ou du gouvernement, qui pour d’étranges raisons veulent rejeter la faute sur Twitter et plus largement les réseaux sociaux, plusieurs passages sont parfaits. « J’fais repérage de femmes sur les réseaux » : check. « Elle m’a vu à la télé » : check. « Les bitches ont capté nos vices » : check. « Je fais des avances à sa maîtresse » : check. Et c’est justement ce dernier point qui lui a été fatal.

Aelpeacha & J’L’Tismé – Suce, lèche ma teub

Comme le titre de cette reprise folklorique de Sea, Sex & Sun l’indique, on est ici directement connecté avec le centre d’intérêt principal de Grigri, qui certes mettait les formes dans ses messages mais poursuivait clairement le même but que J’L’Tismé et Aelpéacha sur cet hymne fédérateur. Description précise, injonctions à la gente féminine et conseils chirurgicaux pour bien prendre soin du membre sacré, tout y est, le concerné devrait apprécier.

Troy Ave – Sex Tape

La proximité avec notre queutard national n’est pas tant dans le détail des paroles, même si on note des ressemblances dans l’approche face à la donzelle. Mais surtout, selon les dires du rappeur, ce morceau et son clip sont nés parce que Troy a dû faire face à un maître chanteur qui l’a menacé de faire fuiter une sextape s’il ne lui donnait pas 25000 dollars. Troy a donc décidé d’agir en héros et n’a rien payé, puis a sorti un clip en utilisant des extraits de ladite sextape. Un exemple que Benji aurait dû suivre plutôt que de ne rien assumer. Et il faut le dire, avoir des affiches de campagne avec marqué d’un côté « ça c’est mon projet pour la ville » et de l’autre « ça c’est ma bite », n’aurait pas manqué de panache, mais bon.

Koba laD – Amitiés gâchées

https://www.youtube.com/watch?v=ffB_s9ZZO1Q

« T’étais bien mais bon l’argent rend bête, t’avais 10000 te-po tous partis en fumée comme la beuh, additionner les échecs, multiplier les billets et c’est à cause de ton succès que tu seras jalousé »

Des attaques aussi basses, ça vient souvent de proches, et c’est justement le thème du morceau de Koba. Entre un ancien député viré de LREM qui s’en donne à coeur joie sur les réseaux en faisant tourner un lien pour le kiki de Benny et les collègues qui lui tournent le dos, on peut clairement parler d’amitiés gâchées. Et puis c’est vrai que l’argent a l’air de l’avoir rendu bête à manger du foin.

YG – Bitches Ain’t Shit feat Tyga & Nipsey Hussle

Normalement il aurait d’abord fallu le classique signé Dre, mais Grigri reste En Marche dans son cœur, il lui faut donc du moderne, du dynamique, pas du old school. YG, Nipsey et Tyga reprennent les bases que Benjamin a dû amèrement se rappeler suite à sa déconvenue : bitches ain’t shit, tout simplement. Elles attirent des emmerdes, on ne peut pas leur faire confiance, bref les fondamentaux quoi. A l’instar du regretté Nipsey, l’ex-futur-maire aussi a sûrement pensé très fort en voyant les retombées « these hoochies always talking about where my dick is but if it’s not in your mouth, then get out my business ».

Expression Direkt – On aura kiffé quand même

« Même si on ne s’en tire pas sain et sauf, on aura kiffé »

Sur leur ultime album, le groupe légendaire Expression Direkt dresse un bilan des souvenirs que la musique leur a offert. De la même façon, malgré la triste actualité, Darth Grivois a dû repenser avec un sourire à toutes ses soirées avec DSK dans sa folle jeunesse, puis avec Emmanuel et son équipe de joyeux galopins. Après tout, qu’est-ce qui se rapproche le plus de la débauche d’une vie de rappeur connu que le quotidien d’un politicien ? Par contre quand le T.I.N ouvre le morceau avec un enthousiaste « j’aurai des histoires pour mes mômes », pas sûr que ça s’applique vraiment ici.

Disiz – Disiz the end

« As-tu lu le dernier article qui dit que Disiz quitte le ring ? En ça il n’y a rien de dramatique, c’est juste la fin d’un cycle »

C’est la fin d’une carrière, la fin d’une aventure, mais aussi le début d’une nouvelle, qui sait. Tout comme Disiz qui est quand même revenu 2-3 fois depuis son annonce de retraite, Benjamin nous dit au revoir mais pas adieu. Et ça, c’est beau.

BONUS 1 : Sofiane –  #Jesuispasséchezso : Episode 12

« Maintenant que tout le monde a vu mon cul, autant que je leur montre mon oseille »

Dire adieu à la politique à cause de dickpicks c’est sans doute un peu fâcheux, mais comme Sofiane, il faut voir le bon côté des choses. Déjà plus personne ne se moquera de Benjamin à chaque proposition stupide ; rappelons que les gens avaient critiqué sa candidature qui ressemble à un parachutage, s’étaient moqués du projet impossible de remplacement de la Gare de l’Est par un « Central Park parisien », avaient questionné sa santé mentale quand il a expliqué qu’il voulait créer « des managers de rue en charge de leur quartier » et s’étaient ouvertement foutus de sa gueule lorsqu’il a déclaré vouloir s’attaquer aux punaises de lit « parce que « c’est assez traumatisant de se réveiller le matin recouvert de boutons ». Etc, etc. Maintenant c’est derrière lui, il peut dire toutes les absurdités qui lui passent par la tête, on ne le jugera plus.

De surcroît avant même d’être candidat, il avait dû s’excuser après avoir dit que malgré 8000 balles/mois il ne pouvait pas être «  propriétaire à Paris parce que le prix du mètre carré est trop cher ». Il avait rappelé qu’il gagnait quand même le double quand il était dans le privé. Désormais le privé lui tend à nouveau les bras et il n’aura plus à s’embarrasser des commentaires de l’ingrate plèbe quant à son train de vie.

BONUS 2 : Kofs et Kaaris – Embourgeoisé

Outre le thème de la trahison qui reste constant dans son triste milieu et la notion d’embourgeoisement qui va comme un gant à notre ami, à un moment du morceau Kaaris pose cette question existentielle : « ça sert à quoi d’avoir une grosse bite si t’as pas de couilles ? ». Et cette interrogation, l’ex-candidat a dû y réfléchir maintes et maintes fois ces derniers jours.

Yérim Sar

Check

Check est une marque francophone de production de contenus urbains. Fruit d’une collaboration inédite entre le label Back in the Dayz, la société de production digitale Digizik et le journaliste Martin Vachiery, Check est une plateforme web qui met en lumière tout ce qui fait la richesse et la diversité d’une nouvelle culture urbaine. Un média curieux, impertinent et libre. Check rassemble, en impliquant les meilleurs artistes dans tout le processus créatif.