Les meilleures radios du monde sont dans GTA
25 octobre 2018
La culture hip-hop a toujours eu une place de choix dans les différents opus de Grand Theft Auto. Que ce soit par des personnages (certains étant même doublés par Guru, The Game, Ice-T…) ou par la musique. On vous embarque pour une énorme ride en écoutant les radios rap du jeu.
Quel plaisir de carjacker le membre d’un gang ennemi et de se retrouver au volant de son bolide avec « I don’t give a fuck » de Tupac à fond, roulant jusqu’à notre prochain carambolage dans les rues… de Los Santos. Tout ceci est donc bien fictif. J’ai déjà du mal à griller une priorité de droite ou à passer au feu orange, alors sortir de force un mec plus basé que moi pour lui voler sa caisse, on en est encore loin. J’évoque ici une scène récurrente de GTA, San Andreas en l’occurrence. Pour la chanson précitée, il faut bien sûr un peu de chance, ou de patience si votre course-poursuite avec la police dure plus longtemps que prévu.
La musique dans les jeux vidéos est primordiale à l’ambiance. Même si elle n’a pas construit toute ma culture musicale, elle m’a bien souvent surpris à hocher la tête en rythme, notamment quand il s’agit de rap, évidemment.
Ma première grosse claque ? Need For Speed Underground ! Et rien que pour l’introduction de Lil Jon & The East Side Boyz, « Get low ». Je n’avais même pas encore pu choisir l’épave qui allait se faire affubler de flammes bleues à la première occasion que j’étais déjà amoureux du jeu.
Un autre exemple marquant avec Tony Hawk Pro Skater 3 : dès que j’entendais « Let’s get dirty » de Redman, je savais que mon record de slide allait exploser.
Revenons en à GTA. La franchise de Rockstar a étoffé, au fil des numéros, ses playlists disponibles via les autoradios. De plus en plus longues, les tracklists étaient cohérentes avec l’époque du jeu et parfois agrémentées de morceaux exclusifs. Si certains préfèrent rouler avec de la country ou de la pop sortant des baffles, je m’attarderai donc dans cet article sur les stations diffusant du Hip-Hop dans les cinq opus majeurs de la franchise.
GTA III – Game FM (2001)
Les stations radios existaient dans les précédents opus mais, notamment pour celles consacrées au rap, elles ne proposaient que trois ou quatre titres et elles n’étaient disponibles que dans certains secteurs de la ville. Avec GTA III, en plus de la 3D, débarquent des playlists dignes de ce nom et écoutables où que ce soit.
L’histoire se passe en 2001 à Liberty City, notre New York contemporain. Claude, le héros mystérieux et muet, effectue les boulots pour lesquels on le paye sans hésitation ni sentiments. Il passe de racket pour les Yakuzas aux meurtres pour la mafia italienne. Il n’a qu’un objectif en tête : se venger de son ex-copine qui l’a trahi après un braquage de banque. Au-delà d’empocher de l’argent sale, Claude peut se vider la tête en se branchant sur Game FM, la station rap de Liberty City.
Pour cette première véritable boucle radiophonique, Rockstar a frappé fort. Sur les 10 morceaux et instrumentaux de la station, sept d’entre eux sont des productions exclusives de Game Recordings (d’où le nom de la station) pour la bande-son de GTA III.
Sur celle-ci, deux grosses pointures: Sean Price et Royce Da 5’9’’. Présents sur trois morceaux, ce dernier donne le ton et s’autoproclame roi avec « I’m the king ». L’introduction de Game FM, « Scary Movies » de Reef, est aussi l’instrumental du premier single de Bad Meets Evil, le groupe qu’il forme avec Eminem, sorti en 1999.
Retenons également le freestyle du rappeur new yorkais au nom aux relents mafieux : JoJo Pellegrino. Sans oublier le morceau qui, une fois branché sur l’autoradio de la Twingo de mamy, transforme votre trajet vers le supermarché en une véritable ride en plein cœur des rues du Bronx : « By a stranger », qui réunit Black Rob, Labba et Ilacoin sur un sample de Donna Summer. Avez cette track, vous comprendrez les plaisirs de rouler lentement. Et de respecter les feux rouges dans GTA.
BONUS : Sur la station Lips 106, on retrouve le morceau « Joyride » de Da Shootaz, le générique du tout premier Grand Theft Auto !
GTA VICE CITY – Wildstyle (2002)
Thomas Vercetti, mafieux dit Tommy, est libéré après avoir passé 15 ans au placard. Son patron, qui redoute son retour, l’envoie à Vice City pour investir la ville d’un nouveau trafic de drogue. Nous sommes en 1986. Vice City, librement inspirée du Miami de l’époque, sent bon les palmiers, les « muscle beach » et la poudre blanche.
Sur Wildstyle, c’est Mr. Magic aux commandes. Après un deal malmené, le joueur pourra profiter d’un couché de soleil en longeant la place et en écoutant le grand classique « Looking for the perfect beat » d’Afrika Bambaataa, le pionnier « The breaks » de Kurtis Blow ou encore le cultissime « The message » de Grandmaster Flash & The Furious Five.
« Magic’s wand » de Whodini est un clin d’œil à la vie réelle. A la base, le morceau était utilisé pour une publicité de l’émission radio « Rap Attacks » de Mr. Magic. Wildstyle met également à l’honneur « Rock box », le premier titre de Run DMC où le groupe associe rock et rap, avec un incroyable solo de guitare d’Eddie Martinez.
La tracklist de la station est très colorée d’électro-funk, avec le morceau « Pump me up » de Trouble Funk pour parfait exemple. Beaucoup plus électronique, voire robotique pour la voix, « Clear » de Cybotron peut vous paraître familier. Sorti en 1983, il a été samplé par Missy Elliot elle-même pour son hit « Lose control » en 2005.
Avec environ deux fois plus de titres que sa prédécesseure, Wildstyle amorce une évolution quantitative que suivront les futurs opus. Toujours plus, toujours mieux.
BONUS : « Billie Jean » de Michael Jackson. Être en 1986 et ne pas entendre « the King of pop » à la radio serait une hérésie. Il est sur Flash FM et Fever 105 (« Wanna Be Startin’ Somethin ») !
GTA SAN ANDREAS – Playback FM & Radio Los Santos (2004)
Les retrouvailles sont froides en 1992 lors du retour de CJ à Los Santos, Etat de San Andreas. Carl Johnson de son vrai nom revient dans son quartier d’enfance pour l’enterrement de sa mère, assassinée. Son ancien gang, le Grove Street Families, emmené par son frère, subit la loi de la rue. Leurs ennemis, ces foutus Ballas, règnent sur la ville. Décidé à redorer le blason du GSF et à retrouver le tueur de sa mère, CJ devra arpenter l’Etat entier de San Andreas. Heureusement, les stations radios sont de qualité. C’est le premier opus de la série GTA où le joueur a le choix entre deux playlists diffusant du Hip-Hop.
https://www.youtube.com/watch?v=u_CbHrBbHNQ
Sur Playback FM, Forth Right MC (doublé par Chuck D, de Public Enemy) met à l’honneur le rap East Coast. Rappelons-le, nous sommes en 1992 et les grosses pointures de l’époque se nomment Big Daddy Kane, Eric B. & Rakim, Biz Markie…
Certains morceaux nous laissent d’ailleurs penser qu’ils ont été choisis de circonstance avec le jeu :
- « Children’s story » où Slick Rick raconte la vie d’un jeune qui devient accro aux vols et aux braquages et qui finit par mourir – ce qui vous arrivera dès la première fusillade si vous ne savez pas viser.
- « Road to the Riches » dans lequel Kool G Rap sait qu’à la fin du long chemin il y a un gros magot, mais que pour se le farcir, il faut travailler dur.
- « B.Y.S. », de Gang Starr. Dans ce track, Guru prévient qu’il va défoncer tous les faux rappeurs. C’est la même pour CJ et tous ses ennemis.
A côté de Playback FM, il y a la station favorite du Grove Street Families : Radio Los Santos. Animée par Julio G, elle fait la part belle aux grands classiques gangsta rap de la West Coast. Jugez du peu : « It was a good day » de Ice Cube, « Express yourself » de N.W.A., « How I could just kill a man » de Cypress Hill, et le cultissime « Nuthin’ but a G thang » de Dr. Dre et Snoop Dogg. Rajoutez à cela du 2Pac, Eazy E ou encore Too $hort et vous aurez compris que si vous voulez rentrer dans le personnage de CJ, c’est Radio Los Santos que devra faire cracher votre autoradio.
BONUS : « My lovin’ » de En Vogue disponible sur CSR 103.9. Pour vous faire découvrir les Destiny’s Child des eighties.
GTA IV – The Beat 102.7 & The Classics 104.1 (2008)
Arrivé à Liberty City en 2008 pour vivre le rêve américain promis par son cousin Roman, Nikolaï « Niko » Bellic déchante rapidement. Originaire de l’Europe de l’Est, ce vétéran de guerre va devoir en effet assurer la sécurité de Roman qui, en réalité, croule sous les dettes. Niko a tout de même un objectif bien précis en débarquant dans cette nouvelle ville : retrouver un traître de son ancienne unité. De missions en missions, de meurtres en règlements de compte, le joueur peut une nouvelle fois switcher entre deux stations purement Hip-Hop : The Beat 102.7 et The Classics 104.1.
Leur point commun ? Les artistes sont quasiment tous issus de New York ! Logique pour des radios de Liberty City, fortement inspirée de la ville américaine qui ne dort jamais. Sur The Beat 102.7, relevons tout de même la présence de Lil Wayne pour la Nouvelles-Orléans – mais seulement en featuring avec Fat Joe – de Kanye West pour Chicago (ce n’est pas seulement le nom de sa fille) et de Qadir, mieux connu sous le nom de Quadir Lateef, pour Houston.
Si vous ne le connaissez pas, tendez-y une oreille, et vous pourrez percevoir, si vous n’êtes pas borné, une pointe de Notorious BIG dans sa voix. Pour le reste, la Grosse Pomme peut compter sur Nas, Busta Rhymes, Swizz Beatz, Styles P, Mobb Deep, Ghostface Killah… pour être représentée. Les hommes derrière les platines sur The Beat 102.7 sont DJ Mister Cee et DJ Green Lantern. Le premier, célèbre animateur radio new yorkais, était le DJ attitré de Big Daddy Kane. Il a également travaillé sur l’album « Ready to die » de Notorious BIG. Green Lantern est quant à lui célèbre pour ses collaborations avec Eminem, Styles P ou encore Jay Z.
A l’instar de Game FM, la plupart des morceaux de The Beat 102.7 ont été spécialement produits pour la bande-son de GTA.
De son côté, The Classics 104.1, propose une tracklist un peu plus courte que sa consœur et purement old school, les morceaux remontant de 1995 (« Supa Star » de Group Home) jusqu’à 1984 (« It’s Yours » de T La Rock & Jazzy Jay). La transition entre les titres se fait d’une main de maître par le légendaire DJ Premier. Fidèle à lui-même, il n’hésite pas à switcher de son groupe Gang Starr (« Who’s Gonna Take the Weight ? ») à Jeru the Damaja (« D. Original ») en passant par Main Source (« Live at the Barbeque »). C’est sur ce morceau que les auditeurs entendront pour la première fois le flow de Nasty Nas, trois ans avant son célèbre album « Illmatic ».
BONUS : Souvent, on zappe les génériques dès qu’on en a la possibilité. Dans GTA IV, impossible de le faire. Et tant mieux !
GTA V – Radio Los Santos & West Coast Classics (2013)
21 ans après, le joueur retrouve Los Santos et ses (immenses) environs. Pour la première fois dans GTA, il peut vivre le jeu dans la peau de trois personnages différents.
- Michael De Santa voit sa retraite de braqueur mouvementée : ses deux enfants ados ne lui vouent aucun respect et sa femme le trompe à la moindre occasion, tout en dilapidant son argent.
- Trevor Philips est un ancien militaire toxicomane, colérique, alcoolique et psychopathe. C’est le genre de mec qui vous coupera la tête et vous chiera dans le cou, juste pour rire. Un peu comme Guizmo.
- Franklin Clinton vit chez sa tante, fait partie d’un gang, et rêve de devenir un grand criminel. Il trouve en Michael son père spirituel.
La carte du jeu est gigantesque et sa durée de vie l’est tout autant. Rockstar n’a pas oublié les mélomanes que sont les geeks et a donc fourni les stations radios en playlists impressionnantes. Les joueurs de PS4, Xbox One et PC profitent même de 160 morceaux supplémentaires ! Au total, ce sont 400 titres qui tourneront en boucle. Avec une fois de plus, des productions exclusives.
Sur Radio Los Santos (qui n’a pas perdu de sa superbe depuis San Andreas), DJ Big Boy se fait un plaisir de diffuser les derniers hits de l’époque – nous sommes en 2013. Et qui dit hit, dit Rick Ross. Rozay apparaît sur deux gros bangers de la tracklist : « Ali Bomaye » de The Game et « Bugatti » de Ace Hood. Rick Ross est cependant loin Kendrick Lamar qui pose sur pas moins de cinq titres au total, dont son classique « Swimming pools ».
Suivent avec trois présences chacun les Californiens Freddie Gibbs et Ab-Soul et le « King of trap » Gucci Mane. Dans la continuité des découvertes grâce aux playlists confectionnées par Rockstar, Radio Los Santos de GTA V peut se vanter d’avoir un tube complètement passé inaperçu. Young Scooter, un proche de Gucci Mane, livre ici un morceau digne de Young Jeezy à son apogée : « I can’t wait ». Dans une moindre mesure, « Say that then » de Problem et Glasses Malone aurait pu également prétendre à ce titre de banger sous-estimé.
La deuxième station est West Coast Classics. Tout est dans le nom de la station de radio. « Still D.R.E » et « The Next Episode » de Dr. Dre, « This DJ » de Warren G, « Mind Playin’ Tricks On Me » des Ghetto Boys… Que des classiques quoi…
Un petit jeu pour cette dernière station de radio : parmi la tracklist entière, quelle chanson associeriez-vous à chacun des personnages ? Mon choix :
- « Gin and Juice » de Snoop Dogg pour Trevor. Beaucoup de gin, et pas de juice.
- « So you want to be a gangster » de Too $hort pour Franklin. Es-tu sûr de vouloir passer le restant de ta vie dans le crime Franklin ?
- « What would you do » de Tha Dogg Pound pour Michael, dans lequel Kurupt vante « le calibre de son gun braqué sur notre tête ». Parce que parfois, ça peut commencer une belle amitié.
BONUS : Ce ne sera pas un seul morceau pour ce bonus, mais bien deux stations de radios entières, ajoutées à la suite de mises à jour du jeu : Blonded Los Santos 97.8 FM et The Lab, respectivement animées par Frank Ocean et The Alchemist & Oh No. Excusez du peu. Merci Rockstar.
https://www.youtube.com/watch?v=hp8QDTEqJt8
Léopold Darcheville
(Crédit photo: Rockstar Game)